François Dallegret

Architecte (1937)

Formé en architecture à l’École des Beaux-arts de Paris, François Dallegret se consacre depuis 1964 au design d’intervention et à la critique caustique des systèmes de représentation qui sous-estiment la part de l’homme. En introduisant des portraits de soi ou des personnages complices comme Reyner Banham, le plus souvent en position fœtale, il réintègre la dimension de l’individu et de son évolution personnelle dans l’habitat.

Depuis, ses œuvres dévoilent  les processus idéologiques qui pénètrent l’évolution technologique de notre environnement. Ses dessins font l’objet d’une suite de réactualisations dont les publications successives accompagnent des textes critiques. Ses interventions dans des projets concrets réinvestissent cette approche par l’utilisation des produits industriels, économiques mais aux effets de fluorescence et d’intermittence qui marquent le territoire de manière poétique et non définitive. Suite à l’exposition Réminiscences fluorescentes en 1999 au Musée national des beaux-arts du Québec qui agit comme manifeste de ses interventions urbaines, l’exposition itinérante de GOD & CO: François Dallegret Beyond the Bubble (2011) et l’ouvrage édité à cette occasion retracent les dernières évolutions de son travail.

Constatant que la planification urbaine effrénée n’a pas pris note de l’évolution des points de vue, ses projets ne perdent pas de leur actualité. Il arrive aussi qu’il soient « re-activés » tels que L’Artist in Cosmic-Opera Suit, un atelier portable comme un costume qui a été conçu en 1966  et activé à la Istanbul Biennial ”ARE WE HUMAN?” en 2016. Les œuvres dans l’espace public occupent une place importante dans son parcours et véhiculent une collaboration stimulante avec des équipes des Mairies, des architectes et de leurs associés en consultation qui lui permettent d’importantes interventions très techniques à l’écoute de l’espace public: La Porte de Montréal au Centre des sciences de Montréal (1999) s’anime avec le passage de piétons; en 2001, une nouvelle Porte-Lumière configurée par deux mats et des faisceaux lumineux, voit le jour sur un boulevard à Trélazé (commune à la lisière d’Angers en France); en 2008, dans la même région, une autre installation dans la voirie, Trafic, consiste à déclencher un système lumineux selon le flux de circulation. Quand il ne s’agit pas d’interactivité, les fluorescences ou les intermittences sont à l’œuvre pour évoquer le perpétuel mouvement de la ville. Ainsi, Interface, crée en 1989 à Montréal et les tout récents Mâts-Lum et Para-Lum (2018) illuminant la passerelle piétonne du Pont d’Issy les Moulineaux. À chaque fois, il s’agit de suggérer et de signaler par réminiscences lumineuses, l’activité de passage que la ville génère.

En 2017, le célébre dessin qui hisse François Dallegret en co-auteur avec Reyner Banham du manifeste de 1965 “A Home Is Not a House” fait à son tour l’objet d’un reactualisation lors de Performa 17 au Central Park de New York et lors d’un cycle de danse ititinérant à Orléans en 2018. Cette installation éphémère habitable “La Bulle-Environnement” et son ‘’totem’’ technologique manifestent désormais le lieu où le corps est chez soi. Une autre installation monumentale, Tipi est à l’étude dans la Coachella Valley pour 2020. Plusieurs expositions de groupe récentes comme, Night Fever (Vitra Museum, 2018, Brussels Design Museum, 2019), Les Mutations du Travail (Biennale de St. Etienne, 2017), Dimensions Variables (Pavillon de l’Arsenal, Paris 2015), mettent en relief la pertinence de son travail au sein de la communauté artistique et l’apport historique de celui-ci a été salué par l’exposition personnelle au WUHO de Los Angeles en 2016.

Liliana Albertazzi

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