Avec Roissypôle, l'hôtel de ville de Lillebonne (Seine-Maritime) est l'un des bâtiments les plus emblématiques de la fin de la carrière de Claude Parent. Avec ses lignes élancées, volontairement en décalage par rapport au contexte urbain, cette mairie principale nous confirme la pérennité du discours et des ambitions de l'architecte. Il imagine cet édifice tel « un signal dans la ville, comme un signe symbolique et monumental de son rôle et de sa fonction ». Et si le but reste semblable, l'esthétique est bien différente des nombreuses mairies où sont utilisés les ordres classiques de l'architecture. L'ancien hôtel de ville construit en 1837, puis agrandi à de nombreuses reprises, répondait d'ailleurs au théâtre romain par un vocabulaire antique en façade qui lui valut le surnom de « Maison Blanche ». Cœur du pouvoir municipal, le nouvel édifice communique avec le centre ancien mais s'ouvre également sur la voie principale de communication moderne (diagonale est-ouest) qui relie les pôles de croissance urbaine. Guidé par un mouvement implicite, le bâtiment (4436 m²) prend la forme d'une proue de bateau émergeante au-dessus de la ligne de faîtage du quartier. En plan, la mairie est distribuée par le long couloir de l'entrée (R+1) qui vient, telle un flèche, transpercer la forme oblongue de l'ensemble. Dès les premières esquisses, cette « fracture » du plan est présente ; elle guide les différentes étapes du projet.
Audrey Jeanroy