Tadashi Kawamata

Artiste (1953)

A la fin des années 1970, Tadashi Kawamata commence à créer des installations in situ. Il intervient d’abord dans des espaces intérieurs privés, galeries ou appartements japonais dont il découpe l'espace en unités minimales ou en passages. En 1979, il commence à envelopper des façades de bâtiments au moyen de planches de bois de récupération qui, par le graphisme des lattes assemblées évoquant le jeu de mikado, affichent un caractère de fragilité. A Venise, Fukuoka, Sapporo, New York, La Hague, Tokyo, etc., ses constructions se greffent à des architectures existantes, occupent des interstices, des passages ou des zones d’entre-deux. Dans chacun de ses projets, l’artiste s’entoure d’étudiants ou d’habitants qui participent au montage de l’œuvre, une œuvre qui traduit à la fois une réflexion sur le contexte urbain ainsi que sur le contexte social. Lors de la Documenta VIII en 1987 à Kassel en Allemagne, l’artiste focalise l’attention sur les restes d’une église détruite pendant la seconde guerre mondiale (Destroyed Church). A Alkmaar (Working Progress, 1996), des personnes en difficulté sociale ont participé à la construction d’une passerelle qui, en reliant le centre de réinsertion à la ville, rétablissait les liens défaits entre les catégories sociales. L’architecture, les modes de vie, les questions d’urbanisme, les espaces vacants ou abandonnés, les chantiers, toutes ces situations urbaines sont soigneusement analysées puis réinvesties dans des structures qui tirent leurs matériaux du site d’intervention. Avec les Field Works ou les Favelas (présentés à la Documenta de 1992), Kawamata récupère des matériaux rejetés par la ville (planches de bois, tôles ondulées…) qu'il rassemble en petites cellules, lesquelles investissent les lieux urbains abandonnés. Les circulations et le temps du déplacement constituent les fondements de son travail : les projets de Saché en 1994 (Transfert), de la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière en 1997 (Le Passage des chaises), d'Évreux en 2000 (Sur la voie), de Tokyo en 2008 (Walkway), de Nantes en 2009 (Observatoire), parmi d’autres, manifestent le refus de l’artiste d’envisager séparément l’espace et la personne qui le parcourt. 

Né à Hokkaido au Japon, Tadashi Kawamata vit et travaille principalement à Paris et à Tokyo. Il a obtenu un doctorat à l'université des Beaux-Arts de Tokyo en 1984. La sélection de Kawamata pour la Biennale de Venise en 1982, alors qu’il n’a que vingt-huit ans, lui ouvre une carrière internationale. Depuis son invitation à l’Atelier Calder de Saché en 1994, il intervient régulièrement en France. Professeur à l’Université des Beaux-Arts de Tokyo de 1999 à 2005, directeur de la Triennale de Yokohama en 2005, il enseigne actuellement à l'École Nationale des Beaux-Arts de Paris.

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