C’est dans le complexe urbain qu’elle réalise avec Jean Renaudie à Ivry-sur-Seine que Renée Gailhoustet implante l’Ensemble Marat. Conçu à partir de 1971, l’ensemble sera réalisé entre 1983 et 1986. Gailhoustet s’éloigne ici de la « typologie corbuséenne » et propose, selon une approche en coupe de l’espace, une structure pyramidale organisée selon une combinatoire orthogonale. Les façades en béton brut se présentent en gradins, en ponts ou en surplombs. « Dans le programme de Marat, il fallait équilibrer des nécessités spatiales très contradictoires : des dessertes automobiles à différents niveaux, des voies piétonnes et des dénivellations pour tisser des réseaux avec les chemins traditionnels de la ville ; (…) le poids même des contraintes de la vie urbaine oblige à protéger ces logements par des terrasses (…), par des patios et par les surhaussements… ». Marat reprend la tradition moderniste du plan libre pour les espaces dégagés (parking, supermarchés…) et le système du voile porteur pour les logements, « avec pourtant deux différences : ces voiles ne sont pas arasés horizontalement, ils définissent par leur découpe biaise un espace toujours orienté vers le haut. La multiplication de ces plans inclinés, la succession de leurs orientations constituent l’essentiel du paysage perceptible à partir des tours qui le dominent. Ces voiles ne sont pas opaques, des percées laissent se développer latéralement l’espace du logement, et complètent les grandes baies définies par l’écartement de la trame. Ils s’interrompent aussi et laissent la place au patio. L’apport de lumière au cœur même du volume intérieur permet d’organiser des logements sur une profondeur inattendue : 20 mètres, et parfois davantage » (Renée Gailhoustet).