Evan Douglis

Helioscopes, 2003-2007

Intitulé en référence à l’instrument optique d’observation du soleil, Helioscopes pointe le phénomène contemporain d’une industrie architecturale « à consommer », machine à produire des rêves standardisés. Cette installation aérienne en résine et fibre de verre se compose d’un ou plusieurs vortex qui, à l’inverse de l’architecture classique, s’étirent du haut vers le bas, à l’image de « stalactites » prises dans un mouvement hélicoïdal. Pensées pour l’itinérance, ces « langues baroques » créent leur propre espace de circulation : elles aspirent le visiteur pour lui faire vivre une expérience sensible qui le projettera dans l’univers du désir et de la consommation. Dans l’œil des vortex sont placés des écrans. Le spectateur happé y visionne des vidéos présentant des décors intérieurs de « Japanese Love Hotels », sortes de paradis artificiels rococos, où les chambres (à thèmes et louées à l’heure) offrent un refuge éphémère pour les fantasmes des couples en mal d’intimité. Le spectateur est ainsi plongé dans un environnement de membranes souples, à la fois indétermination topologique et véhicule du désir. Cette nouvelle chair abritant des univers virtuels explore et met ainsi en évidence la puissance évocatrice des ambiances. Pour autant, l’impression d’intimité créée par l’enroulement de la forme autour du visiteur est trompeuse : seule sa tête est avalée, isolée d’un corps laissé ballant sous chaque vortex.

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