Diller + Scofidio

The Slow House, 1991

Conçue pour un site surplombant Noyak Bay (North Haven, Long Island), cette résidence secondaire pour un collectionneur privé est un continuum que le « visiteur » traverse depuis une porte vers une fenêtre ; d’une entrée physique – à laquelle on accède en voiture en suivant une courbe – à une issue visuelle. Le bâtiment est une mise en scène du phénomène optique : il se présente sous la forme d’un cône de vision, où la traditionnelle façade frontale a été réduite à la largeur de la porte d’entrée. Celle-ci ouvre à l’intérieur sur une suite de chambres et de salles de bains à gauche ; sur la cuisine et les pièces à vivre, à droite. Au fur et à mesure de la progression, la maison s’élargit pour déboucher sur une large baie vitrée donnant sur la mer, conçue là aussi comme une représentation : la fenêtre est un nouvel écran de projection d’un objet désiré mais jamais possédé. Dans la maquette du projet, le parcours est interrompu à intervalles réguliers par des lamelles de verre qui exposent en négatif les fonctions programmatiques des espaces, comme autant de séquences cinématographiques. Enfin, placée à l’extrémité de la maison, une caméra filme le paysage maritime et diffuse en différé ces images sur un écran de télévision à l’intérieur, produisant un décalage entre le paysage vu par la fenêtre et celui retransmis. La perception oscille entre réalité et fiction. Malheureusement, la faillite du commanditaire causa l’interruption des travaux.

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