Bernard Calet

Elévation II, 1994

En 1993, Bernard Calet réalise une première œuvre intitulée Élévation, sculpture que Paul Ardenne décrit ainsi : « L’œuvre est au sol, ensemble de vingt-quatre boîtes de carton surmontées chacune d’une plaque de verre impressionnée au jaune d’argent. De chaque boîte, s’il on y regarde de plus près, on constate qu’elle figure le pourtour d’une maison, un mur troué d’ouvertures. Maison singulière, dès lors, pour peu que l’on considère que le carrelage censé en couvrir le sol a pris la place du plafond ». L’uniformisation des éléments, tous égaux et parfaitement alignés, évoque les alignements de pavillons dans les zones résidentielles, mais aussi l’éclatement d’un immeuble. Toutes les « couches » d’appartements seraient ainsi présentées à l’horizontale, au lieu d’être superposées, avec une césure maladroite au niveau du sol du voisin du dessus et non du plafond. Élévation II constitue une sorte de variation autour de cette première œuvre : les grandes boîtes ont été remplacées par de petits éléments, aussi troués, qui sont regroupés par trois, quatre ou cinq sous chaque plaque de verre sérigraphié. Leur agencement varié rappelle un jeu de construction basé sur l’équilibre (faire tenir la plaque) et une possible narration impliquant les personnes qui y habiteraient. D’échelle réduite, ces petites constructions identiques renvoient en effet à l’idée d’une ville. Les plaques de verre transparent évoquent ainsi tout à la fois un toit et un carrelage. Le déplacement virtuel du sol (carrelage) au plafond (toit) éclaire l’ambiguïté du titre Élévation puisque les rapports d’échelle entre les éléments n’obéissent pas à la même logique. Surdimensionnés par rapport au volume réduit des cartons, les carrés de verre sont à échelle 1:1 si la lecture les définit en qualité de sol. Calet perturbe ainsi notre perception de l’espace architecturé en pervertissant les rapports d’échelle entre les éléments habitation/toit/sol.

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