Mario Terzic

My Wings, 1970

Présentée en 1970 à la galerie Nächst St. Stephan de Vienne puis à la VIIe biennale de Paris en 1971, My wings met en scène Mario Terzic lui-même dans une performance où il mime une tentative d'envol. Un homme seul vu de dos, vêtu en habit d'aviateur, fait signe de vouloir s'envoler en agitant deux grandes ailes harnachées à ses bras. Le mouvement, lourd et pernicieux, se décompose en quatre temps et ne laisse présager aucun espoir d'envol. Au contraire, le corps arqué tendu vers le ciel s'enracine de tout son poids dans le sol ; il renvoie plus à la chute du soldat américain de l'affiche de propagande « Why » (très médiatisée dans les années 1970) qu'à la légèreté d'un corps libéré de la gravité. My wings est une œuvre allégorique, baudelairienne, espoir d'un homme qui, habité par le rêve d'Icare, cherche à s'échapper d'un champ de bataille bardé de fils barbelés, métaphore du labyrinthe infernal que Dédale avait lui-même conçu et réalisé. Cette œuvre hybride de Mario Terzic, conçue de façon artisanale avec les plumes de grands oiseaux marins, renvoie ainsi au destin tragique d'Icare et à l'espoir vain de s'émanciper de la violence du monde, malgré l'envergure des ailes (3,5 mètres environ) et la fiabilité des systèmes de fixation aux bras. Si elle évoque aussi la figure de l'ange et les machines volantes de Léonard de Vinci, si elle fait écho aux travaux contemporains de Rebecca Horn, Panamarenko ou Gino de Dominicis, l'œuvre de Terzic interroge quant à elle la place du corps dans l'espace et dans le monde, une réflexion qui prend ici la dimension d'une quête mystique.

Nadine Labedade

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