Bodo Buhl

Flamingo, 1982

L’œuvre Flamingo, participe à la fois de la sculpture, du lampadaire d'appartement, du mobilier d'éclairage urbain et de la maquette architecturale. De structure hexagonale, elle s’étire en hauteur, rythmée par l'étagement et la juxtaposition régulière de rectangles rouges translucides et joue sur la lumière, paraissant allumée ou éteinte en fonction de la luminosité ambiante. Une enseigne – l’inscription Flamingo – surgie des années 1950 surmonte la tour. En 1946, Bugsy Siegel, membre de la pègre de la côte Est des États-Unis ouvre le casino Flamingo dans une zone aride et limitrophe à trois États (Nevada, Californie et Arizona), à la pointe de la Vallée de la Mort. Il inaugure ce que deviendra Las Vegas, autrement appelée Sin City, la ville du péché. D'autres hôtels s’installent autour et reprennent ce nom et l’image d’un flamant rose, reproduisant cette idée d'un espace « flaming » : ardent comme le soleil, excessif, arrosé par l'alcool, où les « flambeurs » viennent jouer leur fortune autant que leur vie. Flamingo devient le mythe du jaillissement architectural, urbain et financier en plein désert. L'œuvre évoque ainsi formellement toutes les caractéristiques attachées au nom qu'elle brandit en guise d’enseigne. Contre la compréhension moderne et minimaliste de l’idée de fondation, Bodo Bühl nous rappelle ici le rôle de la narration, qui ne peut s’abstraire de son contexte historique, social et symbolique.

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