John Hejduk

The Angel Catcher

Entre sculpture et prototype, The Angel Catcher se présente comme un dispositif prothétique pensé pour harnacher le corps. L’œuvre est réalisée en 1991, à partir des dessins de Bovisa, ouvrage sur un Milan hallucinatoire qu’Hejduk publie en 1988 (en compagnie de Rafael Moneo). Cet ornement presque guerrier est une formalisation parmi d’autres – machines, installations et poèmes – de l’approche conceptuelle, poétique et philosophique que développe Hejduk dans la seconde moitié de sa carrière. Ses projets s’engagent alors vers une forme de narration poétique à la croisée de la littérature et de l’art. Les Masques d’Hejduk, séries auxquelles il travaille à partir de 1979, sont peuplés d’éléments fictionnels et de formes archaïques, parmi lesquels apparaît de façon récurrente la figure de l’ange, souvent représentée diminuée, crucifiée, déchue. « La chute d’un ange est un événement malheureux et difficile à observer. » écrit John Hejduk, en relation aux dessins montrant une créature morte, prise dans les lances de l’Angel Catcher. Parmi les différentes lectures qui peuvent en être faites, l’ange apparaît comme le signe visible des multiples possibles dont serait porteuse une architecture renouvelée qui, selon la volonté d’Hejduk, accueillerait en son sein toutes les altérités – telles l’art ou le féminin. La couronne, élément à la fois noble et menaçant, rappelle fortement d’autres projets de l’architecte, dont The House of the Suicide et The House of the Mother of the Suicide. Ces deux machines architecturales sont inspirées d’un poème de David Shapiro en souvenir de Jan Palach et furent montrées à Prague en 1991, à la demande de Vaclav Havel.

Emmanuelle Chiappone-Piriou

partager sur ou