Pierre Bismuth

Sans titre, 1992

Cette étude préparatoire fait partie d’un vaste projet de recherche mené par l’artiste au début des années 1990. Le thème central de l'utilisation du prénom comme système de communication établit alors une continuité dans son travail. Certains tableaux montrent ainsi un prénom en relief apparaissant derrière une peau de latex tendue. Ces prénoms, tous « images » de marque (Chantal pour Chantal Thomass), associent l'individualité du prénom à l'objet de communication, le logo. En 1992, l’artiste expose à la Galerie des Beaux-Arts de Châteauroux une œuvre élaborée durant son séjour dans un atelier du FRAC Centre et de l'École Nationale des Beaux-Arts de Bourges. Un enchevêtrement de tubes métalliques et des étais de bois hissent à hauteur du regard un plateau d'environ 50 m2 soutenant quelque 300 « prénoms » découpés dans du polystyrène. Cet agencement propose en fait une relecture du plan de la ville de Paris selon une topographie subjective où chaque prénom prend la place d'un lieu dans la ville. Pierre Bismuth segmente Paris en différentes zones découpées « en fonction des activités professionnelles, des pays ou des régions de provenance des habitants », puis les transpose en une multitude de prénoms. L'étude cartographique et l'élaboration de dessins a permis une distribution des prénoms selon leur localisation dans un tissu social, politique ou ethnique (quartiers populaires, résidentiels, touristiques). Chaque prénom fait ainsi référence au marquage de la ville par son réseau publicitaire, s'inscrit dans le lieu et devient le nom même du lieu. La ville perd son statut d’entité au profit d'un espace fragmenté où les lieux ne sont plus que le reflet de leurs activités économiques. Bismuth nous rappelle ici à quel point ces logos sont devenus l'architecture immédiate de la vie urbaine contemporaine.

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