Superstudio

Restori di Centri Storici, 1972

Au milieu des années 1960, l’Italie subit de plein fouet une série de catastrophes naturelles, des séismes survenus en Sicile et dans le Piémont aux crues dévastatrices de Florence et Venise en 1966. Superstudio, à travers son projet Salvataggi dei Centri Storici italiani, prend le contrepied du mouvement patrimonial qui règne alors et qui entend préserver à tout prix – si ce n’est muséifier – les centres historiques italiens. Par une mise en scène de situations réelles, comme Rome, Pise, Florence ou encore Venise, Superstudio affirme sa position anti-historique et critique la vanité de cette obsession de la sauvegarde d’un passé idéalisé déjà perdu.

"Ne voyez-vous pas que chaque effort, chaque tentative de corriger les erreurs, de réparer les désastres et d’éviter les destructions se résout inévitablement en erreurs plus définitives, en désastres plus irréparables, en destructions de plus en plus inéluctables ? L’homme ne possède désormais d’autre science que celle de sa propre destruction. […] La ville, empoisonnée par les miasmes des esprits qui l’avaient autrefois vivifiée et qui en ont fait un port heureux de l’homme, est aujourd’hui submergée par le fleuve de l’histoire désormais contaminé et transformé en une marée d’eaux usées ; le seul sauvetage, c’est encore une fois la destruction, la stérilisation totale de l’organisme qui était né pour être la maison de l’homme, mais qui est devenu sa prison et, pour finir, son tombeau."

Superstudio, Distruzione e riappropriazione della città,
In. Argomenti e immagini di design, n°5, 1972, pp. 4-13

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