Stéphane Steiner

Site n°15, 1994

Hypothétiques sites industriels, à peine figurés en volume par l’assemblage de chutes de plastiques et de métaux divers, les mini-installations de Steiner, telle Site n°15 revêtent l’apparence du projet architectural, en même temps qu’elles procèdent du jeu de construction. Plutôt plans que maquettes et plutôt praticables que modèles réduits, ces espaces ne seraient pourtant qu’un négatif du travail de l’architecte. Ils naissent de la juxtaposition élémentaire et aléatoire de fragments épars sur lesquels l’artiste n’intervient pratiquement pas, avec pour seule logique celle de la déconstruction. Réalisées à partir de matériaux récupérés en périphérie des villes, ces rémanences de lieux de production dévastés et désolés, ces petites architectures, sont les ruines contemporaines qui nous entourent. Déployées au sol, rattachées au mur, les pièces ne jouissent d’aucune autonomie véritable. L’artiste assemble par additions et soustractions jusqu’à ce qu’il obtienne l’effet voulu. L’esthétique du déchet trouve ici son entière justification dans la collusion passée et présente entre provenance du matériau collecté (ou chute industrielle) et destination du même matériau, soit la figuration de sites industriels fictifs. Steiner dresse une cartographie post-industrielle et restitue une image du paysage urbain ; une image brisée et romantique empreinte de nostalgie.

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