Guy Rottier

Maisons en carton, 1968-1969

L’architecture éphémère est au cœur de la réflexion de Guy Rottier. Dès 1965 en effet, il propose un habitat de vacances temporaire dont il repense la forme et l’usage. Pensée comme produit de consommation courante que l’on jette comme une bouteille de coca-cola, la Maison en carton à brûler après usage n’est faite que pour durer le temps des vacances. Elle rompt avec l’idée de la maison livrée clés en main et générant un comportement passif : cet habitat oblige en effet le vacancier, outre la structure proposée par l’architecte, à percer lui-même les ouvertures et à façonner la couverture : « La nécessité de promouvoir une architecture et un urbanisme éphémères est née avec la nouvelle civilisation des loisirs. Mais à quoi bon encombrer nos sites touristiques de pseudo-maisons de vacances qui ne sont, en fait, que les duplicatas prétendus bon marché (et utilisés un mois par an) de nos habitations les plus traditionnelles. Il est temps de proposer des structures qui, après utilisation, puissent réellement libérer les paysages. L'urbanisme éphémère permettra, en outre : De respecter, ou en tous cas, de ne plus défigurer de façon permanente, les rares espaces libres de demain ; de se satisfaire d'un réseau d'infrastructures à faible investissement ; de constituer pour les esprits les plus créatifs un champ extraordinaire d'application d'idées tout à fait nouvelles ; d'expérimenter sur toutes sortes de matériaux insolites et, pourquoi pas, d'en inventer de nouveaux (à l'instar de la NASA, chez qui les besoins appellent et suscitent la découverte) ; enfin, au lieu d'installer l'utilisateur estival dans un confort paresseux et conformiste, ne vaudrait-il pas mieux mettre à sa disposition une structure-à-modeler, sorte d'architecture-jouet, plus propice à l'expression créatrice… le temps d'un été? ». (Guy Rottier)

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