Commandé par un groupe d’agriculteurs, le Yamanashi Museum of Fruit a été construit au Japon au nord du Mont Fuji, dans un vaste parc de 195 000 m2. Consacré à la richesse principale de cette région, le fruit, le musée propose une circulation entre plusieurs éléments, dont trois bâtiments principaux. Leurs formes figurent différents stades de croissance de la graine, à l’origine du fruit : la graine dans l’arbre (le bâtiment de la Place des fruits, en forme d’arbre bas), la nouvelle graine germant au soleil (la Serre tropicale, sorte de crépidule), puis la graine en pleine vitalité (l’Atelier des fruits, comme gonflé). Ce parcours métaphorique pourrait tout aussi bien être pris dans l’autre sens, si on s’attachait au fruit et non plus à la graine ; on cheminerait du fruit en train de se former (l’atelier) au fruit mûr et éclaté (la place), en passant par le fruit dans sa plénitude (la serre). L’outil numérique est utilisé pour faciliter la conception des formes, à la fois pures et complexes : les formes de départ, symétriques et simples, sont retravaillées grâce à la CAO (conception assistée par ordinateur). Elles sont déformées par « warping », décalage des points d’une même image sur une portion de celle-ci, donnant l’impression d'étirement. Différents, ces bâtiments n’en sont pas moins dotés d’un même type de couverture, en acier et en verre, transparente et nervurée. Ainsi, « recréant une nature artificielle, l’architecture devient un paysage où nature et technologie ne sont plus antagonistes mais se donnent comme des entités réciproques et synthétiques ».