Architecte français exerçant au Maroc, Jean-François Zevaco est un assimilateur de formes. C’est dans le contexte de la reconstruction de la Métropole, de l’entrée en scène d’une nouvelle génération d’architectes dans le Maroc d’après-guerre et de la présence de Michel Ecochard à la tête du service de l’Urbanisme du Maroc, qu’il ouvre son agence, à Casablanca, en 1947. « Ville-champignon » en quête de modernité, lieu de tous les fantasmes architecturaux nourris par le cinéma californien, Casablanca est le formidable terrain d’expérimentation dont Zevaco va se saisir pour produire une œuvre moderne et éclectique. Ses villas blanches aux immenses porte-à-faux et aux brise-soleil incisifs seront largement publiées dans les revues d’architecture, et notamment par André Bloc dans L'Architecture d’Aujourd’hui. Engagé dans les recherches urbanistiques qui animent alors le GAMMA (Groupe des Architectes Modernes Marocains), Zevaco défend un véritable langage moderne marocain, notamment lors de la reconstruction d’Agadir après le tremblement de terre de 1960. Zevaco, à l’instar des expérimentations architecturales brésiliennes ou mexicaines d’après-guerre, développe ainsi l’adaptation des principes de cette modernité internationale à un contexte particulier. Ses immenses blocs de bétons dialoguent avec le soleil par de multiples saillies, fines ouvertures et décrochements. Claustra, monolithes, voiles de béton participent à une expression moderne de l’architecture marocaine, pour laquelle Zevaco dépasse le simple clivage entre tradition et modernité.
Architecte français né à Casablanca (Maroc) en 1916, Jean-François Zevaco est diplômé de l'École nationale des Beaux-arts de Paris en 1945, où il suit l’enseignement d’Emmanuel Pontrémoli puis celui d’Eugène Beaudoin à Marseille pendant l’occupation. Membre de l'UAM (Union des Architectes Modernes) et membre fondateur de la branche marocaine des CIAM – le GAMMA (Groupe des Architectes Modernes Marocains) –, il reçoit en 1980 le Prix Aga Khan pour des logements économiques à Agadir. Le critique Michel Ragon le cite dans son Histoire mondiale de l’architecture et préface son ouvrage monographique en 1999. Décédé en 2003, Jean-François Zevaco a construit en majorité au Maroc, mais aussi au Tchad et au Soudan, et laisse derrière lui quelque 165 bâtiments construits.
Lucy Hofbauer