Mario Terzic

Artiste (1945)

Toute installation, performance ou parcours organisé par l'artiste autrichien Mario Terzic se pense avant tout comme le véhicule d'un voyage intérieur « au centre de l'ego » et constitue de fait un « dispositif d’extension » de l’intériorité humaine. Mises en scène souvent directe du corps, les premières œuvres des années 1970 dénotent une fascination pour le baroque, l’antique et la mythologie. Affublé d’un masque (Masks, 1972), d’une combinaison de soie (Visit to the Renaissance, 1972) ou pourvu d’ailes (My wings, 1970), le corps de l'artiste est l’instrument qui permet non seulement d’éprouver l'espace mais aussi de repenser l’héritage classique issu de la Renaissance. Dans ces performances, le corps théâtralisé est le médiateur de cette « extension », une expérience sensuelle, spirituelle et culturelle à la fois. C'est aussi toute une réflexion sur la culture occidentale que révèle particulièrement la série de chaises et fauteuils dessinés ou réparés : Chair in empty room ; Completed fragments ; Traces in the Room. Ces rapports de contiguïté entre différents éléments et ce travail que l'on peut qualifier de montage traverse également les installations/banquets que l’artiste conçoit pour de nombreux convives ainsi que les parcours fictifs ou réels qu'il organise (Travels). Bacchanal (1975), Arkadien (1979), Buffet in honor of Hans Makart and Paolo Veronese (1979), Pompei-retour (1982) ou bien AutoMobil (1984), ces œuvres entremêlent des représentations graphiques et des objets réels, elles confrontent le conçu et le vécu, la mémoire et la présence, elles instaurent des téléscopages temporels et culturels. Situées au-delà d'une stricte approche citationnelle, elles constituent pour Mario Terzic un espace de pensée et d'expérience préalable à ses projets de jardins qu'il conduit à l’Université des Arts Appliqués de Vienne avec ses étudiants depuis 1992 (Stocznia Gdanska  Landscape Park, Gdansk, 2006 ; Erneuerung des Gartens, Vienne, 2007). 

Né à Feldkirch en Autriche, Mario Terzic obtient un diplôme de Design industriel à l'Université des Arts Appliqués de Vienne où il étudie entre 1964 et 1968. Dès le début des années 1970, Alessandro Mendini publie ses projets dans la revue Casabella, contribuant à inscrire son approche conceptuelle dans le mouvement radical européen. Depuis cette date, il multiplie les expositions, les projets de jardins et de « voyages ». En 1982-1983, il enseigne à la Hochschule für Gestaltung à Offenbach en Allemagne puis, à partir de 1991 à l'École d'Arts Appliqués de Vienne. En 2000, il fonde le département de Landscape Design dans la même école, département qu'il dirige toujours aujourd'hui.  

Nadine Labedade

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