Processus de création

La création f’m (initialement intitulée Tarte au Citron) naît de la rencontre en 2016 entre Amira Chebli et Marion Blondeau.

Les deux chorégraphes s’engagent alors dans une recherche avec le désir d’opérer un décentrement du regard sur les questions féministes et féminines contemporaines. Afin de questionner l’hégémonie du féminisme blanc qui penserait à la place de toutes les femmes, elles font le choix d’explorer d’autres paroles et leur pluralité, à partir de voix et de corps de femmes de contextes géographiques et culturels différents.

Pour ce faire, elles déploient un travail d’enquête à partir d’un dispositif cinématographique imaginé avec la réalisatrice Fatma Chérif.

Quand as tu compris que tu étais une femme ?

Cette question a été posée par Fatma Chérif en préambule des entretiens filmés à six femmes, tunisiennes, franco-espagnole ou françaises, qui se sont construites avec le féminisme. Fatma Chérif proposait alors d’ouvrir une discussion libre qui se parlerait et se danserait conjointement. À la fin de chaque discussion et de manière semi-guidée, Fatma invite ses interlocutrices à prendre l’espace avec leur corps. C’est à partir de ces récits et évocations intimes, des expériences affectives et mentales qui sont contées, à partir de leurs mouvements émergés,que le politique affleure.

Amira Chebli et Marion Blondeau créent ensuite chacune un solo travaillant la matière de cette enquête rhizomatique et polyphonique, pour relancer la relation à la voix, à l’image et au mouvement. Pour f’m, Marion Blondeau se prête également en coulisses au jeu de l’entretien de Fatma Chérif, et choisit de ne faire exister au plateau que le corps. Nous y retrouvons également la voix de Jalila Hafsia, féministe tunisienne âgée de 93 ans. Elle sculpte en partie l’espace sonore créé par Clément Roussillat, à travers des jeux d’interactions en direct avec le corps au plateau. La forme scénique est accompagnée par la diffusion des six portraits parlés et dansés réalisés par Fatma Cherif, sous la forme d’une installation vidéo, présente dans les halls des théâtres.

f’m est donc une proposition en strates où il est question de travailler aux variations des féminins,pour faire pousser des voix qui débordent les cheminements imposés en convoquant au centre le prisme sensoriel et charnel. Marion Blondeau tente l’accès à la parole intime, si complexe est-il, en opérant des bascules vers des états de corps aux évocations animales, aux registres abstraits et aux contorsions parfois menaçantes. Une bascule qui propose une certaine écologie du regard et de l’adresse, chargée de résister aux fixités assujettissantes des représentations pour y injecter des puissances de dissension et de transformation.

Nous sommes heureu.x.se.s de partager avec vous des éléments qui constituent cette création sororale :

- Trois portraits issus de l’installation vidéo de Fatma Cherif
- le début du solo f’m avec les enregistrements sonores issus de l’interview de Jalila Hafsia
- un des textes envoyé aux différentes femmes que nous avons invitées.

Conception, chorégraphie et interprétation Marion Blondeau d’après une idée originale d’Amira Chebli
Réalisation vidéo Fatma Chérif
Dramaturge Aldo Rusconi
Création lumière Hervé Bontemps
Création sonore Clément Roussillat
Création graphique Fabrice Haes
Montage vidéo Marion Blondeau et Fatma Cherif
Prise de son tournage Jérôme Patrice
Dop tournage Johann Michalczak
Assistance tournage Salma Abayed et Maguy Borras
Production Compagnie 3arancia
Coproduction Centre chorégraphique d’Orléans dans le cadre d’un accueil studio, Institut français et Théâtre Le Rio de Tunis,Compagnie Pernette/Ville de Besançon, Bergerie de Soffin.
Avec le soutien des 2Scènes Scène nationale de Besançon pour la mise à disposition du Studio de l’Espace.
La Compagnie 3arancia reçoit le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication -DRAC de Bourgogne–Franche-Comté au titre de l’aide au projet, du Conseil Départemental du Doubs, du Conseil Régional de Bourgogne–Franche-Comté.

Barbara Coffy-Yarsel