Toyo Ito

Architecte (1941)

La carrière de l'architecte japonais Toyo Ito couvre un itinéraire dont la logique trouve son sens dans la recherche d'une fluidité et d'une légèreté spatiales qui se sont renforcées depuis le début des années 1970, notamment par le recours aux nouvelles technologies et à la collaboration avec des ingénieurs. Ses premières commandes sont essentiellement des maisons individuelles (Aluminum House, 1971). Avec la Tour des Vents à Yokohama (1986), Ito tente d'assimiler les phénomènes naturels à l’architecture. L'approche du désordre de la ville japonaise en mutation va désormais constituer la trame de fond de sa réflexion, tournée vers une architecture en rapport direct avec l'environnement urbain et les modes de vie des habitants (Restaurant Nomad, 1986 ; Pao, A Dwelling for Tokyo Nomad Women, 1985). C'est avec la Médiathèque de Sendaï (2001) que sa réflexion connaît là une étape charnière. L'extrême légèreté de sa structure exprime clairement la volonté de l'architecte d'effacer le poids de l'édifice pour en faire une membrane perméable. Toyo Ito multiplie les métaphores visuelles inspirées du monde végétal, ainsi le motif sériel de l’arbre pour le magasin Tod’s Omotesando à Tokyo (2004), remarquable prouesse technique de verre et de béton. L'attention portée aux phénomènes physiques et aux formes organiques tout autant que la recherche d'une continuité totale dans le bâti conduisent l'architecte à perforer la matière et à l'amincir (Pavillon de Bruges, 2002 ; Mikimoto, 2005 ; Meiso no Mori, 2006) ainsi qu'à porter une extrême attention à la qualité des détails. C'est en re-questionnant le sens des détails que Toyo Ito parvient à conférer aux espaces leur propre atmosphère, une atmosphère qui autorise l'écoulement de l'air et de la lumière et qui favorise le plaisir de l'errance.

Né à Séoul en 1941, et diplômé en architecture de l'Université de Tokyo en 1965, Toyo Ito commence par travailler dans l’agence de Kiyonari Kikutake. En 1971, il fonde sa propre agence, URBOT (contraction d’« Urban Robot », robot urbain). Ses premières commandes le portent vers des maisons individuelles, comme l’Aluminum House à Kanagawa (1971) ou la White U à Tokyo (1976). En 1979, il renomme son agence « Toyo Ito and Associates » et réalise en 1984 sa propre maison, Silver Hut, qui inaugure le thème de l’abri provisoire que l’on retrouvera dans Pao : A Dwelling for Tokyo Nomad Women (1985). Le Musée Municipal de Yatsushiro (1991) sera sa première commande publique, suivie de nombreuses autres, dont la célèbre Médiathèque de Sendaï (2001). La création du Pavillon Japonais de l'Exposition Universelle de Hanovre en 2000 initie le développement d’une importante carrière à l’étranger (par exemple, avec la Serpentine Gallery pour Londres en 2002, ou l’Opéra de Taichun à Taïwan) ; en France, Toyo Ito a livré en 2006 l’Hôpital Cognacq-Jay à Paris. En 2009, il réalise le stade Kaohsiung à Taiwan. Il a reçu en 2013 le Pritzker Architecture Prize pour l'ensemble de sa carrière.

Nadine Labedade

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