Judit Reigl

Artiste (1923 - 2020)

Née en 1923 à Kapuvar en Hongrie, le peintre Judit Reigl étudie à l'Académie des Beaux-Arts de Budapest (1941-46), voyage en Italie avant de fuir clandestinement la Hongrie communiste en 1950 pour Paris. Là, elle rencontre Simon Hantaï, Pierre et Véra Szekely qui lui obtiendront sa première commande, une peinture murale destinée à un bâtiment aujourd’hui disparu. Elle s'installe à Marcoussis en 1963, où elle vit et travaille depuis lors. Ses premières œuvres oniriques abstraites (1951-54) attirent l'attention d'André Breton. Reigl se rapproche alors du groupe des surréalistes et du procédé de l'écriture automatique dans lequel cependant, elle cherche un « automatisme absolu, à la fois psychique et physique ». Elle pousse alors le procédé au maximum des pulsions ressenties et les traduit dans des toiles abstraites qui deviennent le réceptacle d'une pâte jetée avec violence. Sa rencontre avec l'Action Painting et avec l'art de l'Extrême-Orient en 1955 la conduisent à des toiles où les formes et les traces des gestes éclatent dans tout l'espace pictural (1955-58), toiles que l'artiste conçoit sous la forme de séries. Les puissants contrastes, la force du noir, le dynamisme du geste font place en 1958-65 à une surface picturale plus monochrome, plus épaisse, travaillée par couches (série Guano). Posées sur le parquet, des toiles ratées sont alors travaillées et piétinées au hasard par écoulement et écrasement de peinture. La série des Hommes (1966-72) fait cette fois intervenir la figure humaine tronquée (elle peint des torses) et donne une signification plus symbolique aux signes. Puis c'est le propre corps de l'artiste qui, en tant qu'outil, est sollicicté : sur fond de musique, l'artiste trace au rythme de ses pas une ligne de couleur le long d'une toile verticale non tendue (Déroulement, 1973-80). La série Entrée-sortie (1986-88), par le jeu des cadres dans le cadre évoquant des portes ou des fenêtres, ramène quant à elle à une interrogation sur le tableau. La figure humaine réapparaît avec la même puissance dans la série Hors (1993-99) puis dans Corps sans prix (1999-2001) et New York, 11 septembre 2001. L'œuvre de Judit Reigl, en quête de la figure humaine et de la matérialité de la peinture, a été exposée dans les musés et galeries du monde entier. Le musée des Beaux-Arts de Nantes lui a consacré en 2010 sa première grande rétrospective en France.

Nadine Labedade

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