Georges Noël (1924-2010), engagé dans la Résistance pendant l'occupation allemande puis dessinateur-projeteur pour une entreprise d'aéronautique dans les années 1950, décide de se tourner vers l'art à partir de 1955. Fils d'un artisan en faux-bois et en faux-marbre, petit-fils d'un artiste peintre restaurateur d'églises, il suit la voie de ses prédécesseurs, démissionne et part s'installer à Paris où il découvre le travail de Jean Dubuffet, Jackson Pollock, Paul Klee et Lucio Fontana. Il pratique une peinture matiériste qu'il élabore avec les doigts, les mains ou des outils non traditionnels. Il utilise aussi des matériaux de récupération qu'il encolle avant de les mêler à de la peinture (Voiles d'Ophélie). A partir de 1958, il décide d'utiliser l'acétate de polyvinyle auquel il mélange des pigments naturels et des silex broyés, ce qui lui permet d'obtenir une matière plus résistante. Il élabore alors le concept de palimpseste, travaille par couches et effacement qui le conduisent à une écriture énergique et rapide. Très vite associé à l'École de Paris, et soucieux de ne pas se laisser enfermer dans ce courant, il part à New York en 1968. De sa découverte de l'Art Minimal, Georges Noël, qui burinait la pâte de ses tableaux pour graver une sorte d'écriture dans la colle et les pigments, s'oriente davantage du côté de la rudesse et de l'austérité dans des séries aux formes nettes et géométriques, ce qui le conduit progressivement à expérimenter la sculpture. A son retour à Paris en 1983, une importante exposition de sculptures est organisée à l'abbaye de Sénanque. Il s'agit pour Georges Noël d'atteindre deux buts : le premier, faire le vide de ce qui était connu en peinture et retourner aux origines, celles de la peinture et celles de soi-même ; le second, faire surgir les signes de la matière en laissant de côté les savoir-faire appris. Le peintre devient alors une sorte de magicien, de médium à travers lequel le monde dans sa globalité délivre sa signification.
Nadine Labedade
