Auteur, photographe et vidéaste, Didier Morin (né en 1956 à Tours) utilise divers supports allant de l'image au son. Il a publié Les Semelles d’or, collabore régulièrement à la revue « Night" », New-York, a créé la Revue « Mettray » en 2001 et il est l'auteur du film Le voyage d'Yves Klein. Dan son travail photographique de grand format, Morin parvient à « se faire sculpteur ». Il réussit en effet à intervenir sur les différents matériaux qu'il saisit dans l'objectif. Depuis ses débuts, toute l'œuvre de Didier Morin prend ainsi racine dans un espace plus physique que territorial. Les scènes nocturnes prises sur le site de Carnac entre 1981 et 1989 avec un Polaroïd, procèdent d'un quasi rituel corporel. Comme l'explique l'artiste, « A partir de 1985, après beaucoup d’essais, je m’en suis tenu à une méthode : en comptant mes pas, je me plaçais environ à quatre mètres d’un menhir, la chambre photographique en position verticale et appuyée sur ma poitrine, son obturateur ouvert, je déclenchais un éclair de flash à la fin de chaque inspiration et de chaque expiration, cela pendant un peu plus d’une minute. Mon souffle, ma respiration, déterminait l’enregistrement, il imprégnait la pierre. » Dans d'autres séries, les blocs de pierre noire posés sur un chariot au fond des mines de Noyant la Gravoyère (Les Épreuves, 1988-89) se donnent quant à elles comme de vieilles peaux marquées de plissures. Dans Or Tanger, Or Barcelone (1991-95), Morin recouvre d'or des photographies de Tanger et de Barcelone, suite à une forte expérience visuelle dans une bibliothèque de Coimbra où les tranches dorées des livres faisaient vibrer la lumière. Marqué par l'œuvre de Jean Genet et d'Yves Klein, Morin en retrace le parcours en se fixant 20 destinations pour chacun d'entre eux depuis Marseille. Les périples, où s'engagent tout autant une quête de soi qu'une quête de l'autre, conduisent l'artiste à des séries d'images et à des films. Depuis 1986, l'œuvre de l'artiste est régulièrement montrée en France et à l'étranger.
Nadine Labedade
