Per Kirkeby

Artiste (1938)

Peintre, sculpteur, écrivain, philosophe et cinéaste danois, Per Kirkeby (né à Copenhague en 1938) est une figure majeure de l’art contemporain scandinave. Géologue de formation, diplômé en 1964 de l’université de Copenhague, Per Kirkeby est également étudiant à l’Eksperimenterende Kunst-skole (École d’Art Expérimentale) à partir de 1962. Entre 1958 et 1965, il participe à de nombreuses expéditions scientifiques, notamment au Groenland et en Australie, où le regard du scientifique croisera celui de l’artiste. Dans les années 1960, il noue des amitiés avec Joseph Beuys et des membres du mouvement d’avant-garde Fluxus. Puis, influencé par l’expressionnisme abstrait, il développe un travail autour du paysage, étudiant, transmettant le monde qui l’entoure. Connu pour ses toiles proches de l’abstraction et du néo-expressionnisme allemand, pour ses rondes-bosses en briques et ses bronzes, Per Kirkeby développe une vision de la nature par sédimentation. Pour l’artiste, tout est entremêlé, peintures et sculptures participent de la même recherche. Son champ d’investigation sur le paysage se traduit également dans des écrits, romans, essais (Per Kirkeby, Bravura, ENSBA, Paris, 1998) et des films (La géologie est-elle réellement une science ?, 1980). Il montre pour la première fois son travail en 1965 à la Den Frie Gallery de Copenhague et sa première grande exposition se tiendra en Allemagne à Essen au Museum Folkwang en 1977. Depuis, son travail est exposé en Europe et aux États-Unis, notamment à la Tate Gallery de Londres en 1998. En 1971, il est commissaire pour le Danemark à la biennale de Paris, il devient membre de l’Académie danoise en 1982. Il enseigne la peinture à l’Académie des Beaux Arts de Karlsruhe, puis à la Städelschule de Francfort.

La peinture Sans titre révèle la conception terrestre de l’artiste où chaque tableau se donne à lire comme une coupe géologique figurant l’épaisseur des strates et la diversité des mouvements souterrains. Peignant couche sur couche, Per Kirkeby élabore ses toiles très lentement, la dernière couche restant parfois la seule visible. Per Kirkeby tente dans cette toile de cristalliser la fluidité des couleurs de la nature. Organisés en stries, les larges pans de couleurs se superposent en transparences ou en opacité. D’un passage à l’autre, les tons se mêlent et se contaminent. La couleur, la lumière structurant l’espace, les qualités tactiles de la surface, densifient les réminiscences de paysages. Ainsi se forme une vision de la nature par accumulations de couches, de perspectives et de vertiges qui aident le regard à plonger, au-delà de la surface de la toile, au cœur de la matière.

Nadine Labedade

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