Olivier Debré

Artiste (1920 - 1999)

Originaire de la région de Tours où il retournera habiter une grande partie de sa vie, Olivier Debré (1920-1999) poursuit ses études à l'École des Beaux-Arts de Paris. Impressionniste d’abord, sa peinture devient abstraite en 1943 sous l’influence de Picasso. Après la seconde guerre mondiale, il rencontre des peintres avant-gardistes tels que Poliakoff, de Staël, Soulages. Il adopte alors le parti-pris d'une matière picturale maçonnée au couteau en couches épaisses et d'une technique basée sur la construction par plans de couleurs, qui se traduiront par les grands « signes-personnages » dans les années 1950-1955. Vers 1960, l’œuvre d’Olivier Debré prend un tournant. Son art se décante et s’oriente vers l’allègement de la peinture qui se fait plus fluide, certainement suite à ses rencontres aux États-Unis avec les maîtres de l’expressionnisme abstrait (Kline, Rothko, Olitski). Il développe alors un langage fondé sur le signe et sa signification, mais l’espace s’ouvre et les personnages tendent à disparaître au profit des « signes-paysages ». Après 1965, les formats s’allongent, suggérant à la fois la vision panoramique d’un espace sans limites et la plongée dans une quasi-monochromie. En 1967, il représente la France dans le hall d’entrée du pavillon français de l’Exposition universelle de Montréal. À la fin des années 1970, ses œuvres atteignent des proportions énormes (plus de six mètres pour Rouge de Loire de Touraine, 1983-1984). C’est à partir d’une émotion ressentie devant un paysage naturel que Debré travaille le plus souvent. Il tente d’en exprimer les qualités intrinsèques de lumière et de couleur en jouant avec la matière, en lui laissant une certaine liberté comme en témoignent les coulées qui rythment le tableau Grande coulée d'automne. Il inscrit sur des fonds fluides des accents vigoureux de matière picturale qui décentrent ses compositions et impriment à la surface la trace de son action tout comme les titres expriment directement les émotions ressenties.

De 1980 à 1985, il enseigne à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Il expose alors partout dans le monde et en 1995, une rétrospective de son travail est organisée à la Galerie Nationale du Jeu de Paume à Paris. En 1997, il collabore avec la chorégraphe Carolyn Carlson pour qui il réalise les décors et les costumes du ballet Signes dont le thème est sa propre peinture, ballet repris à l’opéra Bastille en 2000 et 2003. Proche du monde du spectacle, il a peint plusieurs rideaux de scène (celui de la Comédie-Française en 1987, mais aussi celui de l’opéra de Hongkong en 1989, du théâtre des Abbesses de Paris et du nouvel opéra de Shanghai. Il a en outre pratiqué la sculpture et l'illustration.

Nadine Labedade

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