Jean-Pierre Pincemin

Artiste (1944 - 2005)

D’abord tourneur, Jean-Pierre Pincemin (1944-2005) fréquente très jeune le musée du Louvre, où il découvre et admire les peintres classiques et surtout Véronèse. Ses débuts reconnus se situent en 1967 lors du Salon de la Jeune Sculpture où il présente des constructions en bois de rebut et empilé. Jusqu'en 1969, il réalise une longue série d'expérimentations sur toile libre, sans châssis, en y imprimant des objets trempés dans la teinture (tôles ondulées, grillages, planches...). Puis, en 1969, il crée ses premiers Carrés-collés, répétitions en séries de carrés de toile trempés, teintés et collés ou cousus en des surfaces rythmées. Il rejoint en 1971 le mouvement Supports-Surfaces, à la suite de Viallat, Bioulès, Saytour, Cane, Devade et Arnal. Comme eux, il désosse l’objet tableau pour mettre à nu ses composants (cadre, châssis, peinture) et en souligner la nature ambiguë, trompeuse, de fausse fenêtre sur le réel. Cet intérêt pour la nature physique de l’objet sera une constante dans son travail. Il dira ainsi : « Je vois la peinture comme une mécanique dans laquelle il faut produire des désordres ». Développant une pratique mixte, peinture abstraite et figurative, peinture et sculpture, travaillant à l’écart dans une petite ville de Beauce (Authon-la-Plaine), il a bénéficié d’un soutien constant, visible notamment dans les rétrospectives qui lui ont été consacrées au milieu des années 1990, et est considéré comme l’un des grands artistes français d’après-guerre. C'est à partir de 1974 que Pincemin développe la série des Palissades ou des Portails, grandes toiles architecturées, composées de grandes bandes verticales et horizontales. Ces œuvres évoluent, en 1976, vers des peintures presque monochromes, montées en couches successives, avec un espace strictement divisé en bandes et des bordures. En créant ces fausses « palissades » et vraies peintures, Pincemin joue sur l’opposition entre art abstrait (dont le « monochrome » est un des grands « genres » travaillé par de nombreux artistes de Malévitch à Ryman) et art figuratif (la palissade). Plus largement, Pincemin interroge avec cette série le rôle de l’art par rapport au réel, questionnement déjà présent dans ses premières œuvres (bois trouvé et réagencé devenant sculpture).

Nadine Labedade

partager sur ou